Ma pratique s’inscrit dans un mouvement de réenchantement des pratiques rituelles héritées de l’imaginaire des sorcières. La force des rituels* trouve sa source dans sa fonction sociale (avec la notion de magie sociale notamment), dans la puissance de l’usage de symboles, ainsi que la notion d’intime politique**. Œuvrant, à l’effacement de la frontière entre nature et culture déterminante de la pensée moderne, les rituels sont un puissant levier en faveur d’un changement social et environnemental. Ainsi, c’est dans ce contexte que ma pratique explore la porosité entre les champs de l’art et du design.

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Au commencement de chaque projet, il y a le dessin, systématiquement. Cette pratique me permet de laisser une grande place à mon intuition pour créer formes, volumes, couleurs et symboles, libérée de toute contrainte physique. Pour ce faire, j’utilise des aquarelles, gouaches, crayons et pastels qui m’apportent une variété de textures et de nuances. Ainsi, dès la phase de recherche, je suis en quête d’une dimension sensible qui se poursuit ensuite tout au long de la réalisation du projet. La matière (souvent issue de réemploi) prend doucement forme au contact de mes mains pour devenir objet ou espace à habiter. L’aspect imparfait de mes pièces renvoie directement à leur processus de confection proche de l’artisanat, et au temps long que ce dernier induit.

Le temps long du travail manuel, celui de la collecte de matière à recycler, puis de la transformation de celle-ci pour ensuite créer des pièces incarnées qui célèbrent les marques de leur histoire. Porteuse de sens et de valeurs, chaque pièce est elle-même l’œuvre d’un rituel.

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*Développée dans la pensée de Starhawk, sociologue américaine
**Théorisée par la militante féministe américaine Carole Hanisch dans son essai «the Personal is Political», publié en 1970.